Les effets pervers de l’ultra sécurité

Pr René Amalberti, professeur de physiologie et ergonomie du Val-de-Grâce, chef du département de recherche en sciences cognitives Imassa (Institut de médecine aérospatiale du service de santé des armées),8 pages"BEAUCOUP D'ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES À RISQUE ont progressivement atteint un niveau de croisière, une sorte de plateau de sécurité. Certaines de ces activités sont stabilisées hélas à un niveau de risque encore très polémique (route, médecine) ; d'autres, plus rares, ont atteint un plateau à des niveaux exceptionnels de sécurité (nucléaire, aviation de ligne, rail et des bulles d'activités comme la transfusion sanguine ou certaines pratiques médicales).L'ultra sécurité peut dès lors correspondre à deux définitions assez différentes mais qui se ressemblent en terme de modèle: l'une basée sur les chiffres absolus de sécurité dans le monde (par exemple les chiffres du nucléaire), l'autre basée sur des chiffres absolus de sécurité pour le secteur considéré (effet de plateau, par exemple pour la médecine).On dispose aujourd'hui de modèles de comportement des systèmes aux différents niveaux de sécurité, des raisons pour lesquelles le plateau intervient et des comportements sur les plateaux de sécurité maximale.Quel que soit le niveau atteint, on constate deux phénomènes particuliers et paradoxaux à l'atteinte de ces plateaux: d'une part le constat de l'arrêt des progrès faciles entraîne, au premier incident/accident grave, une pression et une excitation médiatiques et politiques sur les questions de sécurité dont les effets accroissent le risque plutôt qu'ils ne le réduisent et, d'autre part, les solutions appliquées au domaine pendant les années de progrès tendent à épuiser leurs effets. Ces différents mécanismes sont décrits dans la conférence, de façon générique tels qu'ils apparaissent pour tous les grands systèmes, et de façon plus particulière dans leur application à la médecine.La dernière partie évoque quelques pistes pour sortir des pièges de l'ultra sécurité."