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Le premier médicament connecté autorisé aux Etats-Unis

Publié le : 21/11/2017 15:21:14

Abilify MyCite, traitement indiqué dans les troubles psychiatriques, intègre un capteur qui signale quand il a été ingéré par le patient.

Le premier médicament à prise orale dont les comprimés intègrent une puce qui signale qu’ils ont bien été pris s’est vu accorder aux Etats-Unis une autorisation de mise sur le marché (AMM), a annoncé le 13 novembre l’agence américaine chargée du médicament, la Food and Drug Administration (FDA).

Ayant pour principe actif l’aripiprazole, ce produit commercialisé par le laboratoire japonais Otsuka a pour indications reconnues le traitement de la schizophrénie, ­celui des épisodes aigus associés aux troubles ­bipolaires, et le complément du traitement de la dépression chez l’adulte. Cette technologie innovante soulève des questions éthiques sur le ­contrôle des données recueillies.

Les patients qui consentiraient à la prescription de cet antipsychotique connecté suivront leur traitement à la trace. Chaque comprimé contient un capteur composé de cuivre, de magnésium et de silicium qui sera éliminé par voie digestive. Une fois au contact des sucs gastriques, la puce subit une réaction d’oxydo-réduction. Elle fonctionne comme une batterie : elle émet un signal capté par un patch collé sur les côtes du patient. Le patch transmet par Bluetooth les informations recueillies à une application sur le smartphone du patient. Ce dernier décide qui, parmi son médecin et ses proches, a accès à ces informations. Lesquelles seront stockées sur un serveur sécurisé.

« Etre capable de tracer l’ingestion de médicaments prescrits pour des maladies mentales peut être utile chez certains patients, a commenté le docteur Mitchell Mathis, directeur de la division des produits psychiatriques au Centre d’évaluation et de recherche sur les médicaments de la FDA, dans le communiqué de l’agence.

Article complet sur lemonde.fr
Lire aussi (ci-dessous extrait de theconversation.com) :

Médicament connecté : qui a demandé le consentement du patient ?

L’arrivée de ce médicament connecté est l’occasion de s’interroger, à l’ère du numérique, sur l’autonomie du patient et sur son consentement, deux notions intrinsèquement liées si l’on vise son autodétermination. L’aptitude du patient à comprendre l’information délivrée par le médecin a des répercussions sur sa conscience de faire ou ne pas faire un choix, et donc sur la réalité de sa volonté. Or, le traitement des données de masse est si vaste et si complexe que cela rend impossible, pour les citoyens, une véritable prise de décision sur tous les usages de leurs données à caractère personnel.

Cela conduit à une perte d’autonomie avec pour conséquence une perte de contrôle et de liberté quant aux décisions prises par l’environnement technologique (intelligence artificielle) ou les processus automatisés (algorithmes). L’usage secondaire possible de ces données peut d’autant moins être anticipé qu’il implique le rapprochement de données provenant de sources variables (objets connectés, applications mobiles, réseaux sociaux), dont la nature peut être médicale ou non. Pourtant, un consentement spécifique est nécessaire pour un traitement secondaire de ces données : c’est là un principe essentiel pour garantir leur confidentialité.

Le consentement est devenu une question problématique en particulier dans le domaine des applications mobiles, y compris de santé, et dans celui des réseaux sociaux. L’information délivrée à l’usager/patient apparaît en petits caractères sur nos téléphones mobiles, parfois sans réelle alternative au refus pur et simple. Le procédé consistant à recueillir un consentement sur ce support numérique (et non sur un format papier) mène souvent l’usager à un clic immédiat, sans avoir pris le temps de faire un choix éclairé. Les « conditions d’utilisation » sont trop longues et difficiles à comprendre pour la plupart d’entre nous et sont rarement lues jusqu’au bout.

L’entrée en vigueur prochaine du règlement européen sur la protection des données à caractère personnel devrait corriger ce déséquilibre, notamment par l’introduction du principe de protection de la vie privée dès la conception de la technologie. Les développeurs d’applications mobiles et objets connectés de santé auront à standardiser leurs procédures afin d’intégrer cette dimension dès le départ. La confiance des usagers, clients, patients, n’est pas infinie… Aussi les entreprises devraient d’ores et déjà reconsidérer les processus de collecte et traitement déjà en place, car ils devront de toute façon en rendre compte à l’avenir.

La nécessité d’un consentement éclairé laisse penser que le médicament connecté proposé par le laboratoire pharmaceutique Otsuka serait plus utile – et plus éthique – dans d’autres domaines que la santé mentale. On pourrait tout à fait l’imaginer pour la surveillance du dosage des médicaments postopératoires comme les antidouleurs les plus forts à base d’opiacés, par exemple la morphine ; ou pour mieux contrôler les essais cliniques. S’agissant de patients atteints de maladies psychiatriques en quête d’autonomie, la pilule restera toujours difficile à avaler.