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La grande histoire de l'hôpital : épisode 1

Publié le : 13/09/2018 11:51:56

Chaque mois, nous vous proposons de plonger dans la grande histoire des hôpitaux. Premier épisode de cette saga historique, conçue en partenariat avec la Société française d'histoire des hôpitaux (SFHH) : la naissance des premiers hôpitaux.

Les civilisations antiques ne connaissent guère la pratique hospitalière du fait du droit réciproque à l’hospitalité : celui de loger les uns chez les autres. La « maison des hôtes », domus hospitalis, préfigure le vocable d’hôpital. Les premiers hôpitaux, sous l’impulsion du christianisme qui prêche l’aide aux pauvres, aux souffrants et aux déshérités, sont fondés en Orient au IVe siècle, avec la création, en 330, de la nouvelle capitale de l’Empire romain, Constantinople. Les principaux hôpitaux dont les textes nous livrent la trace sont postérieurs à 330. 

Ces établissements sont des fondations stables et structurées. Avant la mort de Constantin en 337, nous savons que trois établissements hospitaliers, peut-être quatre, furent créés dans la nouvelle capitale et qu’un de ces établissements était une léproserie. Constantinople a donc, sur ce point, précédé Rome d’un demi-siècle. La structuration des établissements se trouvait dès le début définie en fonction des affections ou des personnes recueillies. C’est ainsi qu’on distinguait, en théorie, les : 

- pandocheion : maison accueillant tout le monde ;

- xenodocheion : pour les étrangers ou hôpital-hôtellerie ;

- geroncomeion ou gerontocomeion : hospice pour vieillards ;

- brephotropheion : pour les tout-petits, ou crèche ;

- orphanotropheion : orphelinat ;

- lobotropheion : pour les invalides, mutilés et, d’après l’étymologie, pour les lépreux ;

- ptochotropheion : sorte de centre distributeur de repas gratuits ou soupes populaires ;

- nosocomeion : lieu de cure, terme qui disparaîtra dès l’époque de Justinien (527-565) au profit de xenodocheion : vocable désignant alors ce que nous entendons par hôpital général, établissement de soins aux malades.

 

Cette particularisation n’existait pas en Occident où l’hôpital restait un pandocheion. Tout le monde y était reçu sans distinction d’affections ou de catégories : pauvres, estropiés, vieillards, enfants, pèlerins. Deux conséquences de cette conception orientale élaborée sont à souligner. En premier lieu, l’Orient seul connaîtra la cité hospitalière, ensemble général bien articulé d’établissements distincts, chacun affecté, en principe, à une catégorie déterminée de patients ou indigents et qui s’oppose par là-même à la forme unique du pandocheion occidental. En second lieu, alors qu’en Occident l’hôpital gardera longtemps une forme d’assistance essentiellement sociale, en Orient il reçut d’emblée une organisation de type médical. Marcel Candille écrivait en 1968 que cette conception moderne de l’hôpital représenta une avance de mille ans sur son homologue latin. Il convient toutefois de nuancer cette affirmation. Cette spécialisation se révélait en réalité plus hôtelière que médicale : il s’agissait de donner un repas, un lit et de soulager la misère. Il faudra attendre le XIIe siècle pour connaître avec l’hôpital du Pantocrator, à Constantinople, une première vraie spécialisation médicale avec des salles séparées pour accueillir les malades selon leur affection.       

En Gaule, plusieurs cités épiscopales semblent avoir été dotées d’hôpitaux au VIe siècle (Auxerre, Fréjus, Le Mans, Rouen…), sans qu’on puisse, la plupart du temps, dater avec précision ces créations. La première léproserie aurait vu le jour à Saint-Claude dans le Jura en 460, mais il ne s’agit pas d’un hôpital général. Deux cités en France, Arles et Lyon, revendiquent la paternité du premier hôpital, « centre de soins ». En l’absence de charte de fondation connue pour Arles, les historiens des hôpitaux considèrent que le premier véritable établissement hospitalier ayant vu le jour dans notre pays, au sens des institutions stables avec charte constitutive, est le xenodocheion fondé à Lyon au VIe siècle.