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IA et radiologie : la position de la SFR

Publié le : 10/09/2018 09:55:50

Le Pr Jean-François Meder, Président de la Société Française de Radiologie (SFR) et le Dr Marc Zins, secrétaire général de la SFR, ont répondu aux questions de Techniques hospitalières pour donner la position de leur société savante sur la révolution que semble apporter l'arrivée des logiciels d'intelligence artificielle appliqués à la radiologie 

  

 Qu’est-ce que selon vous la radiologie a à gagner à l’utilisation de logiciels d’intelligence artificielle (IA) ?

 Il nous semble que le radiologue a beaucoup à gagner car on assiste à une nette augmentation des demandes d’examens et la démographie radiologique n’est pas adaptée. Les causes d’augmentation des demandes sont multiples : médecine préventive, personnalisée, prédictive, imagerie interventionnelle, etc. Dans une bonne partie de la chaine de la prise en charge, l’IA va rendre plus le travail plus efficient et ainsi aider le radiologue. A titre d’exemple, en imagerie diagnostique, les bénéfices attendus sont nombreux : juste dose, juste demande d’examen (cohérence avec les recommandations de bonne pratique), meilleure qualité d’acquisition, meilleure restitution des résultats, … A tous les niveaux de l’examen radiologique, l’IA va apporter une aide. Des équipes françaises ont d’ailleurs des travaux de recherche en cours sur ces sujets. 

 

Quels sont selon vous, chez les radiologues, les freins actuels au développement de l’IA ?

 Les contacts entre le monde de l’industrie et le monde médical ne sont pas toujours naturels. Les radiologues ont plutôt l’habitude des partenariats industriels dans le domaine du développement de l’innovation technologique (principalement dans l’évaluation de produits), en imagerie diagnostique et interventionnelle. Ce qui est nouveau c’est que dans le domaine de l’IA, les contacts se font avec des « jeunes pousses » venant du monde de l’informatique, des mathématiques. Ce sont donc pour nous de nouveaux partenaires. Ces start-ups ont souvent une demande de données pour le développement d’un outil (donc très en amont de l’évaluation d’un produit fini) sans forcément que ce soit assorti d’une vérification de la cohérence avec la pratique clinique, et d’une évaluation clinique après introduction sur le marché. Enfin, les radiologues ont encore un besoin d’information concernant les règles de protection des données personnelles, qui ne sont pas connues de tous.

 

 

Comment la SFR compte accompagner le développement de ces logiciels d’IA ?

 La SFR a déjà engagé des actions importantes. Nous avons créé il y plus d’un an un groupe de réflexion, multidisciplinaire (radiologues, chercheurs non radiologues, spécialistes de l’éthique, dont le rôle premier d’écrire un « white paper », c’est-à-dire un article détaillant les points de vue de la communauté radiologique sur l’introduction de l’IA dans le monde de l’imagerie.

Au cours des prochaines JFR, sera organisé un important « data challenge », qui à partir de plus de 2500 données fournies plus de 50 centres de radiologiques français, publics et privés (échographie, scanner, IRM) va permettre à des groupes pluridisciplinaires de développer et évaluer des algorithmes, en particulier d’aide au diagnostic. Les questions posées ont été sélectionnées par la société savante et ont pour thème : l’évaluation de la fonction rénale par segmentation du cortex ; la détection et la caractérisation de tumeurs du foie en échographie ; la détection automatique de fissures méniscales du genou en IRM.
Lors des prochaines JFR sera également précisé le périmètre d’une structure portée par l’ensemble de la radiologie française (Conseil National Professionnel) qui aura pour objet de favoriser la recherche et le développement d’outils d’IA par accès aux données d’imagerie, provenant de l’ensemble des secteurs de la radiologie, privé et public.

 

Le radiologue de demain sera-t-il, selon vous, un data scientist ?

 Un data scientist peut être défini par les paramètres suivants : une formation d’analyste, des connaissances en statistiques, une maîtrise des outils analytiques, une connaissance de langages de programmation, des compétences en ingénierie logicielle, …

Cela ne correspond pas au profil actuel des radiologues. En revanche une évolution de la formation des radiologues tenant compte de ces paramètres est nécessaire. Elle permettra aux radiologues d’exercer leur rôle à plusieurs niveaux : vis-à-vis du patient, (analyse de données, conseil et communication), vis-à-vis des données (validation) et vis-à-vis des outils (supervision, assurance qualité).

Propos recueillis par Romain Bonfillon,

rédacteur en chef de Techniques hospitalières.

 NOTE : Ne manquez pas dans le numéro de novembre/décembre de Techniques hospitalières le dossier "Radiologie et intelligence artificielle"