Application de l’oxydation par voie humide à la destruction du prion de l’ESB

Sofiane Zalouk, Stéphane Barbati, Isabelle Lantier, Hervé Leroux, Frédéric LantierLa dégradation des composés organiques dans les milieux aqueux est rarement complète. Les procédés d’oxydation avancée (PAO) connaissent depuis quelques années un développement actif pour tenter d’apporter des solutions à cette problématique environnementale. L’oxydation par voie humide, OVH, (ou oxydation hydrothermale, OHT) est un PAO combinant un système chimique (oxygène), et un système physique (pression et température). Cette technique consiste à réaliser une combustion sans flamme de la matière organique en phase aqueuse par l’oxygène de l’air sous une pression élevée (10-20 MPa) et une température de 200 à 350 °C. La réaction produit principalement de l’eau, du dioxyde de carbone et des composés réfractaires tels des acides de faible poids moléculaire. Un des avantages du procédé est qu’à partir d’une DCO de 15 g/l, le système devient autotherme. Dans le cadre de la validation de cette technologie vis-à-vis d’agents pathogènes particulièrement résistants aux modes usuels de décontamination, des essais de dégradation des agents des maladies à prions ont été réalisés. La destruction de la protéine prion pathologique après traitement a été testée par la mise en œuvre de techniques immunochimiques (ELISA et western blot) qui ont mis en évidence, dans les limites de détection de ces techniques (environ 1 pg/ml) la destruction de la protéine prion dans les broyats de cerveaux de souris testés. Les souris inoculées par les échantillons non traités ont succombé à l’infection dans les délais attendus et les souris inoculées avec les échantillons traités ne manifestent pour l’instant aucun signe clinique. La réponse espérée en termes de diminution du pouvoir infectieux devrait nettement dépasser les valeurs du traitement actuellement recommandé 133 °C, 20 min, 3 bars. L’oxydation par voie humide constitue un moyen de traitement simple, fiable, générant de l’énergie calorifique et sans danger pour l’environnement. Dans la mesure où son efficacité sur les agents des EST serait confirmée le système OVH pourrait être appliqué au traitement d’effluents potentiellement chargés en éléments pathogènes.